Tempête Benjamin : quatre marins secourus à Ouistreham
publié le10 December 2025
écrit parJean-baptiste Lindner
6de lecture
mis à jour le11 December 2025

Un hélicoptère H160 de la Marine nationale est intervenu pour évacuer les marins du Perle d’Albâtre. © SNSM Ouistreham
Les Sauveteurs en Mer ont mené une opération de sauvetage dans des conditions météorologiques particulièrement difficiles, mercredi 22 octobre 2025. L’équipage du chalutier Perle d’Albâtre a pu être secouru après douze heures de lutte.
La tempête Benjamin balaie la Manche dans la soirée du mercredi 22 octobre. Alors que les rafales atteignent 75 nœuds (139 km/h), le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Jobourg reçoit un appel de détresse. Le coquillard Perle d’Albâtre est en panne de moteur au nord de Ouistreham. Les quatre marins pêcheurs à son bord demandent de l’aide.
À proximité, un autre bateau de pêche, L’Avenir, tente d’abord d’intervenir pour le remorquer. Mais les conditions de mer très difficiles rendent la manœuvre impossible. Pire : les deux navires se sont abordés. Cela provoque une brèche dans la coque du Perle d’Albâtre, juste au-dessus de la ligne de flottaison.
Face à la gravité de la situation, le CROSS Jobourg engage le canot tous temps SNS 17–11 Philippe Kieffer, de la station de Ouistreham. Ses bénévoles rallient rapidement leur bateau, puis quittent le port et s’enfoncent dans la nuit. Plusieurs questions se posent. « Nous nous sommes demandé si nous avions la capacité de réaliser la mission sans mettre en danger l’équipage, explique Philippe Capdeville, le patron de la station. Ensuite, nous devions choisir un port pour ramener le chalutier. La solution choisie a été Ouistreham, en raison de la proximité et de notre connaissance des lieux. »
Au plus fort de la tempête
Au milieu des creux de la houle, le canot tous temps progresse péniblement. À la barre, Philippe Capdeville et son fils, Quentin, sont extrêmement vigilants. Ils savent que la moindre vague prise de côté peut entraîner des conséquences désastreuses. Plus d’une heure de navigation difficile plus tard, les sauveteurs arrivent sur zone.
En parallèle, le navire de commerce M/V Olga a été dérouté pour soutenir l’opération de secours. Grâce à son imposante stature, il abrite le chalutier des vagues et du vent, permettant aux Sauveteurs en Mer d’installer une remorque. Vers 1 heure, le convoi repart.
Sur le chemin du retour vers Ouistreham, la situation se complique. Après une heure de remorquage, ils subissent le plus fort de la tempête Benjamin. L’évacuation des marins est alors envisagée pour les mettre en sécurité. « La Marine nationale nous envoie un hélicoptère, développe Philippe Capdeville. Mais, une fois sur zone, il constate que les conditions météo ne permettent pas son intervention et rebrousse alors chemin. »
Les pêcheurs hélitreuillés
La situation se corse à nouveau au lever du soleil, après sept heures de remorquage. « À ce moment-là, des capteurs voie d’eau se mettent à sonner à bord du Perle d’Albâtre », indique le patron. Les mouvements du chalutier, secoué par les vagues et déséquilibré par sa voie d’eau, font craindre un risque de chavirement. Le CROSS engage alors de nouveau un hélicoptère de la Marine nationale pour évacuer les quatre marins, toujours à bord, ballottés par les flots.
Mais les rafales sont trop puissantes. Elles empêchent d’effectuer l’hélitreuillage en sécurité. La mer est déchaînée, le bateau tangue fortement dans les creux des vagues. Un nouveau navire est alors dérouté par le CROSS pour abriter l’opération. Le ferry Mont St Michel – qui assure habituellement la liaison Ouistreham – Portsmouth (Angleterre) – se dirige vers le convoi. Il se met en position de brise-lames afin d’atténuer les mouvements du chalutier. Un plongeur de la Marine nationale peut ainsi être déposé sur le Perle d’Albâtre. Au milieu du chaos, il équipe les victimes et les remonte chacune à leur tour à bord de l’hélicoptère. « Nous sommes habitués à ce type de manœuvre, précise Philippe Capdeville. Nous réalisons des exercices d’hélitreuillage avec ce même hélicoptère deux fois par an. »
Une fois les marins à bord, l’hélicoptère se dirige vers Ouistreham, où les sapeurs-pompiers les prennent en charge. Ils sont choqués et en hypothermie, mais leur état général est jugé satisfaisant. Pendant ce temps, le canot des Sauveteurs en Mer poursuit le remorquage dans de rudes conditions. Le SNS 17–11 Philippe Kieffer atteint finalement la côte à midi, jeudi 23 octobre. Le chalutier et son équipage sont, enfin, hors de danger, mettant fin à plus de douze heures d’intervention.
Article rédigé par Anatole Lamarre
Équipage engagé
Patron : Philippe Capdeville
Second : Quentin Capdeville
Radio-navigateur : Valérian Guestre
Équipiers : Laurent Bosquet, Jérémie Chefdeville, Dylan Lamidel
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